Dans la nature,  La vie sans école,  Nous

Et si nous commencions par un carré potager ?

Nous avions partagé dans un précédent article notre envie de planter des légumes et des aromatiques dans le jardin. Je vais vous faire un aveu : bien avant cela, quand je dis bien avant, c’est longtemps avant… longtemps avant d’avoir les clés de la maison, j’avais utopiquement imaginé de raser intégralement le jardin et de transformer ses deux niveaux en un potager en permaculture. J’avais longuement étudié le projet, dans mon coin, sans en parler à Yoann. L’emplacement des buttes, l’occupation de la terrasse supérieure qui est exposée en plein soleil, l’installation d’un récupérateur d’eau de pluie et d’un composteur, et pourquoi pas d’un poulailler… Je rêvais en somme. Puis, la réalité m’a vite rattrapée : une fois installée, je me suis rendue compte de l’ampleur des tâches qui m’attendaient pour commencer déjà à m’approprier les lieux. Une voix me murmurait : « emménage tranquillement, apprivoise les lieux, prends le temps de découvrir… Chaque chose en son temps. » Alors, j’ai balayé mes projets fous, et j’ai appris à apprécier ma nouvelle vie dans cette nouvelle maison, telle qu’elle se présentait à moi. Nous avons traversé l’automne, puis l’hiver, dans une certaine douceur de vivre, malgré l’énergie consommée par les aménagements (sacrément chronophages !!!).

Puis, vint le printemps. Et là, tout comme les bourgeons commencèrent à apparaître dans le jardin, mes envies de légumes du jardin remontèrent à la surface. Maya aimait beaucoup l’idée. Nous avons donc toutes les deux décidé de faire un carré potager.

Au début, nous n’y connaissions pas grand chose. J’avais en tête quelques notions que j’avais retenues de mes recherches précédentes, mais je devais me rafraîchir la mémoire. Pour commencer modestement, nous nous sommes dit que le plus facile et le plus simple serait de semer des aromatiques. Nous avons donc acheté des sachets de graines et avons réalisé des semis de basilic et de thym… Maya s’est occupée de préparer les godets en y mettant le terreau nécessaire, je me suis chargée de semer les graines, nous nous sommes ensuite partagé la responsabilité de l’arrosage. Hélas, au bout de quelques semaines, rien n’est sorti de terre. Nous avions échoué. Nous avons essayé de comprendre, cela nous a appris que réaliser un semis n’était pas aussi simple que nous l’imaginions et qu’il y avait beaucoup de précautions à prendre : la quantité de terreau, la profondeur du godet, l’exposition au soleil, la température des lieux où les semis sont conservés, etc. (Et moi qui voulait raser entièrement le jardin… hum hum).

Nous avons repris à zéro en optant cette fois sur des semis prêts à mettre en terre, en préparant mieux notre projet. Nous avons choisi les plantes à acheter en prenant le temps d’étudier soigneusement les associations et les compagnonnages recommandés, en prenant en compte l’espace dont nous disposions et son niveau d’exposition au soleil. Nous envisagions de réutiliser un bac de fleurs sur la terrasse ensoleillée, dont une grande partie des occupants avaient péri dans le froid de l’hiver précédent. Le bac avait la taille idéale pour nos premières expérimentations potagères.
Une fois le terrain préparé, nous nous sommes lancées : nous voilà à la jardinerie, faisant nos emplettes. Deux godets de tomates cerise, un godet de poivron rouge, un godet de sauge officinale, un godet de persil, plusieurs godets d’oeillets d’Inde, un sac de terreau potager, un sac d’amendement organique et un sac de paillage. Nous avions déjà un godet de basilic et un godet de ciboulette, achetés dans notre magasin d’alimentation bio. Aussitôt rentrées à la maison, je m’y suis attelée seule, Maya devant s’absenter pour l’après-midi. J’ai retroussé mes manches et c’était parti. Vider le bac, déplacer dans un autre bac les quelques fleurs qui avaient survécu , remplir le carré potager des différentes couches de terre nécessaires, disposer les plants, terminer avec une dernière couche de terre et de paillage et arroser. Un après-midi sous le soleil, consacré à un petit carré potager. J’étais épuisée. Très satisfaite aussi. Satisfaite d’avoir enfin réussi à démarrer ce projet, satisfaite d’avoir tant appris et à l’idée que ce n’est que le début et qu’il y a encore tant à apprendre, et… satisfaite de ne pas avoir rasé le jardin, parce que ça, je l’ai parfaitement assimilé une fois le dernier plant mis en terre, je n’aurai pas pu l’assumer un seul millième de seconde.

Dès le matin suivant, une routine s’est naturellement mise en place : Maya et moi allions voir les plantes. Comment vont-elles ? Ont-elles grandi ? Ont-elles besoin d’un soin particulier ?
Les pluies abondantes du printemps ont été terribles. Nous ne savions pas si elles allaient tenir. Nous veillions sur elle comme le lait sur le feu. Nous avons découvert la menace du mildiou et de l’oïdium, à cause de tant d’humidité. Nous avons appris à les protéger en réalisant des décoctions naturelles trouvées et choisies sur Internet après de longues recherches. Une infusion de sauge pour faire face au mildiou et une décoction de lait et d’ail contre l’oïdium nous ont permis, très efficacement, de lutter. Et puis, il y a eu les limaces et les escargots. Là, nous avons essayé les aiguilles de pin, puis les coquilles d’oeufs, pour un résultat satisfaisant.

Au fil des jours, nous avons appris ensemble, en prenant plaisir à voir nos plantes grandir et à les soigner en nous répartissant les tâches. Patiemment, nous attendons maintenant de goûter à nos premiers fruits. Et si ça marche, peut-être, (je dis bien peut-être) que l’année prochaine nous pourrions investir dans un plus grand carré ? Dans deux carrés l’année suivante ? (Et raser le jardin dans 3 ans ?… ah ah, elle est incorrigible !)

 

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